Anniversaire : 20 ans de déviation
Samedi 4 septembre 1993, la commune de Soppe le bas et tout le vallon du Soultzbach étaient en fête avec l’inauguration de la déviation de la route nationale 83, la concrétisation d’un long combat mené par les élus avec à leur tête le nouveau maire de Soppe le Bas, Francis Guttig (élu en 1989)
- 25 années de tractation
Dès 1965, le conseiller général du canton de Masevaux, Louis Uhlrich sollicite l’intervention du sénateur Stoessel de Mulhouse pour l’inscription de cette déviation au 5ème plan d’aménagement. Avec son décès dans un tragique accident quelques mois plus tard, le projet tombera dans les oubliettes. La création de l’autoroute A 36 au début des années 70 n’est pas étrangère non plus à cette situation. Beaucoup croyaient que le trafic de la route nationale serait absorbé par l’autoroute. Il ‘en fut rien. Dès 1974, le groupement des associations foncières demandèrent alors à l’Etat de racheter quelques hectares de terres agricoles pour qu’elles rentrent dans le domaine routier national . Ce sera chose faite en 1980. Mais ce n’est pas pour autant que la réalisation de la déviation est actée. Au début des années 80, Soppe le Bas, village de 380 habitants, reste la seule commune dans le Haut-Rhin traversée par la RN 83. Le village est coupé en deux. Des milliers de véhicules y passent chaque jour, des poids lourds notamment, apportant leur cortège de poussière et de bruit. La commune a beau prendre un arrêté pour interdire la circulation des poids lourds sur la RN83 ; rien n’y fait, les routiers s’opposent à cette mesure qui les obligerait à emprunter une autoroute synonyme de péage (environ 4 euros pour un tronçon de 13 kms). D’autres propositions sont présentées mais finalement les projets de contournement du plan Etat-Région élaborés en 1986 ne sont pas retenus. C’en est trop pour les villageois. La grogne s’installe et gagne du terrain
Ras –le-bol des villageois :
Soppe le bas paiera un lourd tribut à la route avec 10 morts et de nombreux blessés. Le 7 décembre 1989, un des leurs, M Prosper Bové paie de sa vie. Son triporteur est heurté par une voiture venant du Pont d’Aspach alors qu’il s’apprête à prendre la direction de Guewenheim. Le lendemain, une association des riverains de la RN 83 est créée. Avec à sa tête, M Michael Bodi, elle milite de concert avec la municipalité et les élus du département pour faire aboutir le projet de déviation. Les manifestations se multiplient. Ce sont d’abord les habitants de Soppe le Bas qui se mobilisent et qui barrent la circulation. Très vite, sept autres communes des villages voisins se lancent dans la bataille en bloquant tous les accès de leur localité à la RN 83. Le 1er octobre 1989, l’arrêté interdisant la circulation aux poids lourds de plus de 11 tonnes entre en vigueur. Le lendemain, les habitants de Soppe découvrent que les panneaux d’interdiction ont été maculés de peinture noire. Le bras de fer se poursuit. Les routiers ne l’entendent pas de cette oreille et le 27 janvier 1990, ils dressent un barrage. Soppe le bas est coupé du monde. Les routiers exigent que l’arrêté d’interdiction de traverser le village soit levé, que le prix du péage de Fontaine pour les transporteurs locaux soit abaissé. Le 29 janvier, le conseil municipal invite le maire à ne pas revenir sur l’arrêté au centre des débats et demande au ministre des Transports Michel Delebarre de faire débloquer les crédits nécessaires à la réalisation d’une des solutions de déviation du trafic. Après maintes autres manifestations, la situation se débloque le 22 février 1990.
- L’épilogue
Le 22 février 1990, une délégation avec à sa tête le maire Francis Guttig, le député Jean Luc Reitzer et des responsables d’organisations des transporteurs est reçue au ministère des Transports. L’Etat donne son feu vert pour la construction de la déviation et s’engage à financer les travaux. Longue de 3,6km, elle coûte 37,5 millions de francs (environ 5,7 millions d’euros). Les travaux débutent juillet 1991 et le 5 août 1993, elle sera ouverte à la circulation. Le 4 septembre 1993, Mme le Préfet du Haut Rhin est entourée de tous les élus du vallon du Soultzbach, du député Reitzer, du sénateur Haennel au moment du couper du ruban inaugural sur les hauteurs du village. Elle en profitera aussi pour poser la première pierre de la zone artisanale de la communauté des communes du vallon du Soultzbach (NDLR : créée en janvier 93, elle disparaîtra en janvier 2002 au moment de la création de la Com Com de la Doller et du Soultzbach).
Heureux dénouement pour un territoire qui, avec la réalisation de cette déviation, allait bénéficier d’une expansion démographique sans précédent. En moins de 10 ans, la population des trois villages allait doubler. Deux écoles seront réalisées. Aujourd’hui, pendant la récréation, les enfants de l’école ne comptent plus les camions qui passent ; Soppe le Bas est devenu un village souriant où il fait bon vivre.
Marc Hoog
- Sources : dna du 1er août 1993 et 5 septmebre 1993, flash infos du Sivom de la Doller d’août 1993, flash 313 de la commune de Soppe – le –Bas – photos : archives : Marc Hoog
Couper de ruban par Mme Hélène Blanc, préfet du Haut Rhin, vue de l'ancienne RN 83, première image de la déviation le 5 août 1993